Traduit en Français par El Hadi MEZIANI
Avant d'aborder la signification linguistique de l'origine de ce toponyme que certains prétendent phénicien et signifiant "la ville", nous devons nous demander si les Phéniciens ont fondé cette quantité immense de villes algériennes - comme le prétendent certains aliénés culturels - pourquoi cette ville a-t-elle été spécifiquement nommée Qart (Qrṭ) à l'exclusion des autres ? La réponse est très claire : l'origine du nom n'est pas phénicienne, mais est incontestablement amazighe.
Le terme ⴳⴰⵔⴹⴰ (Garṭa ڨرطا) ou ⴳⴰⵔⵟⴰ (Qarḍa قرضا ), est celui que les Phéniciens ont transformé en Kirt et Kartan, puis les Romains en Cirta selon les inscriptions romaines datant du premier au troisième siècle après J.-C.
En réalité, le toponyme ⴳⴰⵔⵟⴰ (Garṭa ڨرطا) est lié au site géographique unique, qui est une gigantesque roche sur laquelle la ville a été fondée.
Dans la langue amazighe, nous avons le verbe ⵢⴻⵏⵏⴰⴳⵔⴻⵟ (yennegreṭ ينڨرط ) qui signifie "se diviser en deux".
La forme connue dans la variante Tachawit est ⵜⵉⵇⴻⵔⴹⴻⵜⵜ (tiqerḍettثِقرضت) ou ⵍⵇⴻⵔⵟ (lqerṭṭ لْقرط) qui signifie la petite partie ou la petite parcelle de toute chose. Il est également utilisé pour décrire une personne de petite taille ou courte, on dit : ⵇⵉⵛ ⵏ ⵍⵇⴻⵟ (qič n lqeṭṭ قيتش ن لقرط).
On dit aussi pour une coupe de cheveux désordonnée ⵉⴳⴰⵔⴳⴻⵟ (igergeṭ إڨرڨط ).
On dit également pour toute petite partie ⵜⴰⵇⴻⵔⴹⵉⵎⵜ (taqerḍimt تاقرضيمت), car le verbe ⵉⵇⴻⵔⴹⴻⵎ (iqerḍemإقرضم ) est synonyme du verbe ⵢⴻⵏⵏⴰⴳⵔⴻⵟ (yennegreṭ ) et tous deux indiquent la division et la séparation d'une partie du tout. Ce sens est appuyé par un terme dans la variante Touareg qui est ⴳⴻⵔⴹ (gerḍ ڨرض) qui signifie "se séparer" et se prononce aussi ⵢⴻⵔⴹ (yerḍيرض)" (Haddadou, Dictionnaire des racines berbères, p.80). Bien sûr, sans oublier le mot connu en arabe algérien ⵍⴳⵓⵔⵟ (lgurṭ لْڨُرط ), qui désigne les herbes sèches coupées préalablement pour le stockage. On ne peut pas non plus négliger le terme ⵎⴰⵇⵔⵓⵟ (maqruṭ مقروط) ou ⵎⴰⵇⵔⵓⴹ (maqruḍ مقروض) qui fait référence à des pâtisseries divisées (en parts).
Tous ces termes et verbes précédents partagent une seule racine qui renvoie au sens de parcelle séparée, à savoir G.R.Ḍ (ⴳⵔⴹ), ce qui correspond parfaitement au site de Constantine ou ⴳⴰⵔⵟⴰ (Garṭa).
L'emplacement de la ville sur une roche élevée s'accorde totalement avec les caractéristiques de l'architecture amazigh ancienne. Cette caractéristique, nous la retrouvons dans la forteresse de Tajmint dans le sud des Aurès et la forteresse de Tizegrarin dans la wilaya de Khenchela, avec les mêmes détails.
Il est très probable que Cirta ait été fondée initialement comme une forteresse fortifiée, d'autant plus qu'en dessous se trouvent des souterrains et des grottes dont les secrets n'ont pas encore été découverts à ce jour. Le roi Massinissa en a fait sa capitale pour des raisons purement stratégiques et défensives.
D'un autre côté, nous trouvons dans la wilaya de Biskra la dénomination ⴳⴰⵔⵟⴰ (Garṭaڨارطا ) pour une ville ancienne que les habitants des Aurès appellent ⵇⴰⵔⴹⴰ (Qarḍa قارضا), et elle porte toujours ce nom, c'est-à-dire ⴳⴰⵔⵟⴰ (Garṭa ڨارطا ). Les Phéniciens se seraient-ils avancés jusqu'au sud de l'Algérie pour y donner également ce nom, alors qu'on sait qu'ils étaient des commerçants qui se sont contentés des villes côtières qu'ils ont trouvées existantes et qu'ils ont continuellement aménagées, tout comme les Romains après eux ?
L'historien Hérodote au cinquième siècle avant J.-C. avait déjà parlé de trois éléments humains en Afrique du Nord : deux éléments étrangers, les Éthiopiens à la peau sombre et les Phéniciens, tandis que le troisième élément était autochtone : les Libyens, c'est-à-dire les Berbères ou les Amazighs.
Gloire à la science, à la sagesse, à la logique et à la toponymie qui a préservé notre mémoire.
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